Droits humains et esclavage moderne

Au cours de l’année écoulée, le Groupe fonds durables de Stewart Investors a lancé un autre travail de dialogue collaboratif, soutenu par 160 investisseurs représentant un total d’actifs sous gestion de 6,59 milliards d’USD, axé sur les minéraux de conflit au sein de la chaîne d’approvisionnement des semiconducteurs. 

Le tantale, l’étain, le tungstène, l’or et le cobalt (collectivement appelés minéraux de conflit) sont des matériaux et des éléments essentiels du secteur des semiconducteurs. La mauvaise traçabilité de ces minéraux ainsi que la complexité des chaînes d’approvisionnement, notamment la fonte et le raffinage, peuvent obscurcir leur provenance et conduire au financement involontaire de conflits armés et de violations des droits humains.

Stewart Investors est un investisseur à long terme qui est persuadé que des pratiques de travail saines et une  bonne gestion environnementale vont de pair avec les rendements pour les actionnaires. Alors que les organismes de réglementation et les consommateurs prêtent de plus en plus attention aux défis de l’approvisionnement en minéraux au sein de la chaîne d’approvisionnement des semiconducteurs, l’équipe de Stewart Investors estime qu’il existe une opportunité pour les entreprises de prendre une longueur d’avance dans le développement de chaînes d’approvisionnement dépourvues de minéraux de conflit. Elle a écrit à 29 entreprises impliquées dans la fabrication de semiconducteurs pour les encourager à :

• Développer et investir dans des solutions technologiques pour améliorer la traçabilité,
• Augmenter la transparence et la production de rapports sur les minéraux, de la mine au produit,
• Encourager et participer à une collaboration à l’échelle du secteur pour en améliorer ses pratiques,
• Imposer et appliquer des sanctions plus sévères en cas de non-conformité, et
• Réduire la demande de nouveaux matériaux en améliorant les initiatives de recyclage.

Stewart Investors en est aux premiers stades de ce dialogue et a l’intention de fournir d’autres mises à jour sur la progression et les réponses de l’entreprise dans les meilleurs délais.

Le secteur agroalimentaire est un des secteurs qui propose des produits à risque d’esclavage moderne, tel qu’identifié par l’Indice mondial de l’esclavage (Global Slavery Index) de 2018. 

En 2020, KnowTheChain a publié son Indice de référence de l’agroalimentaire (Food and Beverage Benchmark), qui a évalué 43 des plus grandes entreprises d’agroalimentaire au monde sur leur travail de traitement des risques de travail forcé au sein de leurs chaînes d’approvisionnement. Le graphique ci-dessous montre leurs performances mesurées par KnowTheChain.

La taille de la bulle indique la taille de nos investissements dans des entreprises sur des titres cotés et des titres à revenu fixe dans chacune des bandes de notation. Avec un score moyen de 28/100, il existe une marge d’amélioration significative pour ces entreprises. Un petit nombre d’entreprises obtiennent un score supérieur à 50/100, faisant ainsi preuve de certaines pratiques exemplaires dans deux domaines clés de la violation : les pratiques d’achat et l’expression des travailleurs, pour lesquelles le secteur, en moyenne, obtient les scores les plus bas. First Sentier Investors avait une plus grande exposition aux entreprises ayant un score supérieur à la moyenne (> 40), mais il existe toujours un potentiel d’amélioration significatif, d’autant plus qu’aucune entreprise ne se classe dans la tranche supérieure (80-100). Pour cette raison, ce secteur a représenté un point important de dialogue pour un certain nombre d’équipes, notamment l’équipe Revenu fixe (mentionnée à la page suivante).

Bien qu’il soit difficile pour de tels indices de référence de décrire l’histoire complète du travail de traitement de ces risques par une entreprise, ils constituent une contribution très utile à notre approche d’identification des risques et de dialogue les concernant.

Score KTC global

Dans le cadre de son évaluation annuelle du risque d’esclavage moderne, notre équipe Revenu fixe et crédit a identifié un risque élevé d’esclavage moderne dans les entreprises du secteur de la vente au détail (en particulier les supermarchés), ainsi que dans le matériel technologique, les entreprises de services et le secteur pétrolier. Sur les 26 entreprises avec lesquelles l’équipe a dialogué à propos de l’esclavage moderne cette année, trois appartenaient au secteur mondial des supermarchés. La divulgation d’informations par ces entreprises était supérieure à la moyenne et la progression qu’elles ont réalisée était prometteuse, sur la base de l’évaluation KnowTheChain mais aussi sur les propres études et le dialogue de l’équipe avec les entreprises. 

Cependant, l’équipe reste préoccupée par le risque d’esclavage moderne chez les fournisseurs de ces entreprises, en particulier en dessous du niveau 1 de la chaîne d’approvisionnement et lorsqu’il existe des fournisseurs offshore, les audits continuant d’être affectés par la pandémie.

L’équipe continuera de suivre ces entreprises en 2022 et si elle constate un manque  de prise de mesures efficaces sur cette question, elle ajustera les scores de risque ESG et les trajectoires de risque ESG en conséquence, ce qui peut conduire à un ajustement de la notation de crédit interne attribuée par l’équipe. L’équipe cherchera également à travailler en collaboration avec l’équipe d’IR et d’autres équipes d’investissement au sein de First Sentier Investors qui sont exposées à ces entreprises afin de favoriser le changement. 

Cette démarche témoigne de la préférence de l’équipe donnée au travail avec les entreprises, et ce afin d’améliorer continuellement les politiques et processus liés au risque, les systèmes de gestion des risques et la formation sur les risques, plutôt que de quitter des positions. Nous pensons qu’il s’agit d’une approche plus efficace pour aider les victimes de l’esclavage moderne.